Du renouvellement créateur en contexte - 4/4
D’un billet surf à l’autre, jusqu’à ce quatrième final, mon intention s’est essayée à l’exposition d’un mouvement intérieur irréversible et probablement cyclique dans sa structure. De quelle planète zodiacale en orbite celui-ci dépend, no lo sé ; j’observe simplement que ce mouvement m’est devenu habituel, et ses turbulences, mes crunchy cop copines… Une ancienne professeure dont j’ai eu la chance de suivre le séminaire de théorie de la littérature à Paris VII – l’impressionnante Evelyne Grossman – qualifiait cette zone de bagarre existentielle à traverser de “créativité de la crise”.
“Il faut un effondrement pour que la création surgisse.” enseignait-elle. “Il faut vivre la perte, dans sa pleine puissance.”
Elle citait Proust :
« Les vrais paradis sont les paradis qu’on a perdus. »
Amen.
Nous créons dans le monde ce que nous avons besoin d’y voir. Si nous avons perdu, alors nous créons pour combler. Les blocs de sens que nous plaçons les uns sur les autres au gré des émotions résiduelles de nos personnes et des tendances esthètes de nos scènes (nos contextes-ancrages) adviennent à la surface pour combler.
Plus profonde se découvre la conscience de votre perte, plus précise se dessine la conscience de votre faille, plus nette s’impose alors la forme des blocs à polir et placer pour combler.
Dans la plupart des cas, la scène de votre perte, terre brûlée saturée de mémoires qui saignent, assèchent, étouffent ou entravent votre libido – force vitale désirante – n’est pas la plus propice à votre nouvelle construction. Il n’y a alors plus d’autre choix que celui du déracinement, et de sa conséquente quête d’un nouveau terrain plus fertile. Il faudra donc trouver le courage de couper vos racines une à une, et de ne pas faire attention à la douleur. Il faudra donc marcher sans nourriture du sol et s’engager dans la quête. Cette quête pourra s’avérer très longue, mais vous n’aurez d’autre choix que celui de la poursuivre et de persévérer. Il ne faudra pas regarder autour lorsque votre cadence vers l’avant aura gagné en impulsion. Il ne faudra pas regarder autour lorsque vos blocs de sens révèleront leurs silhouettes dans l’horizon incertain. Il faudra persévérer, et placer les blocs, pour combler.
Et vous placerez les blocs l’un après l’autre, pour combler.
Passé un certain stade, vous comprendrez que nous ne comblez pas juste pour vous. Un seuil mystérieux se présentera sur la route, et vous fera percevoir l’entonnoir subliminal à l’envers de la démarche. Alors, vous comprendrez que vous comblez pour le monde.
Vous verrez.
Votre vision sera claire et vous saurez que vous comblez pour que ce qu’il s’y passe ne soit plus pollué par les failles dégoulinantes noires majorées des uns, de vous-même et des autres.
Vous comprendrez que vous comblez pour réparer la psyché du monde. Vous comprendrez que vous comblez pour qu’elle retrouve son spectre visible et invisible de couleurs irradiantes, éoniques, immaculées./